
L'ambassadeur Richard K. Bell & Le Président Professeur de l'UIGB, Pr Saliou Touré honorent la nouvelle promotion de diplômés de l'Université Internationale de Grand-Bassam

L'ambassadeur Richard K. Bell & Le Président Professeur de l'UIGB, Pr Saliou Touré honorent la nouvelle promotion de diplômés de l'Université Internationale de Grand-Bassam
ALLOCUTION DE L’AMBASSADEUR DES USA
REMISE DE DIPLOMES IUGB
Samedi 12 juin 2021 à 9h45, Palais de la Culture, Treichville
Monsieur le Ministre François Albert Amichia, Maire de Treichville,
Excellence Mme l’Ambassadrice des Pays-Bas, chère collègue,
Dr. Saliou Touré, Président de l’Université Internationale de Grand-Bassam,
Distingués invités, Mesdames, Messieurs, tout protocole respecté,
Bonjour! Je suis heureux d’être parmi vous pour partager cette occasion de joie. Merci Dr. Touré de m’avoir fait l’honneur de m’inviter à prendre la parole, et merci Monsieur le Ministre, Maire de Treichville, d’avoir accepté de rehausser de votre présence cette cérémonie de remise de diplômes.
A tous les parents et autres proches de ceux qui vont recevoir leur diplôme: merci pour le soutien que vous leur avez fourni tout au long de leurs études. Votre appui financier, certes, mais aussi votre encouragement, expriment votre foi en leur aptitude à réussir. A n’en point douter, tous ceux qui réussissent à cette université pourront réussir dans la vie adulte. En vérité, l’éducation est la clé qui ouvre les portes de la vie moderne.
Aux étudiants qui vont être diplômés aujourd’hui: félicitations! La route a pu sembler longue et ardue, mais vous avez prouvé que vous avez le talent, l’énergie et la discipline nécessaires pour surmonter tous les obstacles et réussir.
Vos proches croient en vous. Tous ceux qui soutiennent cette université croient en vous et en l’énorme potentiel des jeunes de Côte d’Ivoire et d’Afrique. Votre réussite est le meilleur moyen de les remercier. Je me joins à vous les étudiants, pour remercier les enseignants et tout le personnel de l’Université internationale de Grand-Bassam (IUGB) pour l’accompagnement qu’ils vous ont prodigué.
Il me plaît de noter que la quasi-totalité de la coopération des Etats-Unis d’Amérique en Côte d’Ivoire découle de la conviction que l’atout le plus précieux d’un pays, c’est son peuple. Et cette conviction fait consensus à Washington.
Voilà pourquoi les Etats-Unis sont de loin, et depuis longtemps, le premier contributeur à la santé publique à l’échelle mondiale. Rien qu’en Afrique, les Etats-Unis ont investi plus de cent milliards de dollars dans le seul domaine de la santé publique au cours des vingt dernières années.
Récemment, le Bureau des Affaires africaines du Département d’Etat américain a créé l’Initiative des partenariats universitaires. L’IUGB est l’une des premières universités en pays francophone à participer à cette initiative. Dans ce cadre, l’Ambassade américaine a eu le plaisir de contribuer $250 000 à l’Université de Géorgie – institution prestigieuse qui fut la toute première université publique aux Etats-Unis – pour faciliter son nouveau partenariat avec l’IUGB. L’objectif est non seulement de renforcer les pratiques de gestion et de planification de l’IUGB, mais à terme que l’IUGB obtienne l’accréditation américaine.
Chers étudiants, je pense que vous n’avez pas besoin de mes conseils, car je sais que certains parmi vous ont déjà démontré beaucoup de dynamisme et de vision. Je voudrais néanmoins partager avec vous quelques réflexions qui me semblent utiles au moment où vous êtes au seuil de votre vie d’adultes indépendants.
Nous tous, nous avons la bonne fortune inouïe de vivre à l’époque la plus merveilleuse de tous les temps. Il serait facile de s’y tromper, car les médias rapportent surtout les mauvaises nouvelles. Ce qui n’est pas forcément malveillant: là où il n’y a pas d’incident, il n’y a pas grand-chose à raconter au quotidien. Mais jamais l’humanité n’a connu une espérance de vie aussi longue, une mortalité enfantine aussi basse (c’est pratiquement deux manières de dire la même chose), un taux d’analphabétisme aussi bas, un taux de pauvreté aussi bas, un niveau de respect des libertés individuelles aussi haut, etc. etc.
Cette heureuse circonstance n’est pas tombée du ciel. Elle résulte des avancées scientifiques, notamment en médecine; de la révolution industrielle; et du respect de la dignité humaine, appliqué par un système politique basé sur le principe de la souveraineté du peuple (et non pas du roi) sur base d’égalité devant la loi de tous les citoyens adultes, qu’ils soient hommes ou femmes, riches ou pauvres, sans distinction de race, de religion, etc. Une société qui respecte les droits des minorités les plus stigmatisées, parce que ce sont des êtres humains, est une société plus saine pour tous.
Aujourd’hui, presque le monde entier prétend accepter ces principes: la souveraineté du peuple, l’égalité de tous devant la loi. Mais il n’y a pas si longtemps que ces principes étaient ouvertement rejetés, et aujourd’hui encore, dans de nombreux pays, ils ne sont pas vraiment respectés.
Cela nous rappelle que la démocratie n’est pas normale. Elle constitue un acquis extraordinaire, presque miraculeux, car ce qui est normal, c’est que les plus forts et les mieux organisés imposent leur volonté, et détiennent le pouvoir aussi longtemps que personne ne le leur arrache. En démocratie, par contre: les forts acceptent de respecter les règles, ce qui donne aux faibles la chance de faire entendre leur voix; ceux qui détiennent le pouvoir reconnaissent que le pouvoir ne leur appartient pas, et acceptent de le mettre à risque lors d’élections régulières et équitables. Ainsi, la démocratie est le seul système politique qui permette un changement pacifique basé sur la volonté du peuple telle qu’exprimée par le peuple lui-même.
Tout cela n’est possible que lorsqu’il existe un minimum de confiance et de fiabilité. En effet, tout le monde comprend que si on est le seul à ne pas tricher, on va perdre. Pour que les gens soient fiables, ils doivent avoir confiance que les autres le seront aussi. Il me semble donc que la meilleure chose que chacun de nous puisse faire afin de promouvoir la démocratie et une société meilleure pour tous, c’est d’être intègres nous-mêmes. Et tant mieux : l’intégrité est une bonne chose en soi; à la longue, en général le vrai l’emporte sur le faux.
Souvenez-vous de ceci lorsque vous serez des patrons: le meilleur moyen d’obtenir la confiance, c’est de la donner. Et surtout en période de stress, comme la pandémie, le meilleur moyen pour un patron d’alléger le stress de ses employés, c’est de leur donner le maximum de contrôle sur leur situation. C’est l’incertitude et le sentiment d’impuissance qui créent le stress. L’espoir est le moteur de la résilience.
La fiabilité citoyenne implique le respect de la loi, même quand on n’est pas d’accord. A l’échelle d’un pays – des millions d’habitants, répandus sur des milliers de kilomètres carrés – il est indispensable d’avoir des structures, des lois, et donc une instance habilitée à dire la loi, à trancher sur les questions d’ordre constitutionnel et légal. Un pays ne peut pas fonctionner si chacun substitue son opinion personnelle aux décisions des autorités compétentes. Le respect des droits passe par le respect des lois.
Evidemment, les gouvernants ont la responsabilité d’agir équitablement. Pour cela, il est presque indispensable d’avoir une opposition politique légitime suffisamment robuste pour faire contrepoids. Il ne faut pas craindre les critiques: étaler les problèmes au grand jour, cela donne de meilleures chances de les régler. Ce dont il faut se méfier, c’est un système qui cache les problèmes pour présenter au monde une image de perfection. En cachant les problèmes, on n’essaie même pas de les résoudre. Un tel système devient pourri à la longue. Cela vaut pour une entreprise comme pour un pays.
Le respect des libertés, l’acceptation des critiques, voilà qui donne à un pays les meilleures chances de prospérer. Pour prospérer il faut investir, et investir c’est dépenser en espérant que ça va rapporter plus que ça ne coûte. Investir, c’est donc parier sur l’avenir. (Vous savez, c’est possible de parier contre l’avenir; le mécanisme existe.) Ceux qui n’ont pas confiance en l’avenir n’investiront pas; au contraire, ils réduiront leurs dépenses pour conserver leurs ressources.
Je suis fier du fait que les Etats-Unis, comme d’autres partenaires, investissent en Côte d’Ivoire, parient sur le peuple ivoirien.
Chers étudiants, tout au long de votre carrière, de votre vie d’adulte, vous aurez beaucoup d’occasions de choisir entre un raccourci douteux et le droit chemin. J’avoue devant vous que dans ce bas monde, la justice n’est pas garantie; mais la sagesse des ancêtres dit qu’à la longue, c’est le droit chemin qui mène à bon port.
Plus j’acquiers de l’expérience, plus je suis convaincu que la réussite d’une société dépend très largement du comportement quotidien de citoyens ordinaires, conscientieux et intègres. Vous qui serez parmi l’élite, vous aurez chacun la possibilité de contribuer à rendre votre société meilleure pour tous, rien qu’en donnant le bon exemple et en y insistant. De ceux à qui beaucoup est donné, beaucoup est attendu.
Je vous souhaite plein succès dans toutes vos aventures. Merci.
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